La construction du surhomme
Michel OnfrayLe XIXè siècle a été celui des Masses, des Individus et des Grands
Hommes. L'eudémonisme social (tome 5 de cette « Contre-histoire de la
philosophie »), et Les radicalités existentielles (son tome 6),
retraçaient respectivement l'histoire philosophique des Masses et des
Individus. Ce troisième volet consacré intitulé La construction du
surhomme, raconte le rôle tenu par le Grand Homme et son aspiration à la
Vie Sublime dans ce siècle.Tuberculeux dopé au stoïcisme, Jean-Marie
Guyau (1854-1888) développe une philosophie vitaliste comme une machine
de guerre contre la morale kantienne. Ce malade défend le don, la
générosité, le risque, la dépense, l'action dans une oeuvre qui pourrait
faire de lui un Nietzsche français. Penseur du républicanisme, il
formule un hygiénisme, un racialisme, un natalisme, dangereusement
parents de l'idéologie de Vichy à venir. Il défend enfin une immortalité
panthéiste et stellaire obtenue par les traces de l'amour quand il a
été fort.La figure ontologique du « Surhomme » de Nietzsche (1844-1900)
n'est pas sans relation avec cette étrange métaphysique que le
philo-sophe allemand connaissait. Nietzsche commence avec Schopenhauer
et Wagner, continue avec un long moment épicurien et termine avec
l'éloge d'un « Surhomme » ultra-caricaturé. Or, celui-ci nomme
l'individu ayant compris que la volonté de puissance a les pleins
pouvoirs, qu'il faut vouloir cette volonté qui nous veut, puis l'aimer
pour accéder à une jubilation suprême. Une technique de sagesse à la
portée de tous.